Les billets de Joseph

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Les oligarchies et nous, leurs idiots utiles

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La planète bleue est donc parsemée d’oligarques, des tout-petits, des grands, des gros et… des géants. L’économie de marché atteint les derniers recoins de la planète, monétise la moindre relation humaine, soumet à la rente, l’exploitation de toutes les activités humaines, s’arroge la propriété des biens communs, des ressources, mais aussi de la nature et de la vie, en précipitant les deux tiers de l’humanité dans la misère ou la mort, soumettant le dernier des princes à son service en le gavant plus que de raison. La rareté est provoquée, la dette publique savamment entretenue puis transformée en avoirs  privés,  les bulles financières se gonflent puis se dégonflent, insufflant des crises si successives qu’elles n’ont font plus qu’une permanente ou presque, état de fait obligatoire au maintien en vie du capitalisme.

 

Les oligarques de tous calibres ont aujourd’hui compris et intégré la présence nécessaire de la société spectaculaire, qui leur fournira les écrans de fumée utiles à l’occupation des masses, qui de marketing en communication, s’il le faut en manipulation, puis si ça ne suffit pas, en soumission par la force ou la peur. Les peuples, donc, se font et se feront occuper l’esprit par ses différents artifices, afin qu’ils restent les yeux rivés vers la lune que leur montre le doigt de l’oligarque lambda et qu’ainsi celui ci puisse tranquillement continuer de gérer ses affaires terrestres.

 

Ainsi, les décors qu’ils ont construits se révèlent extrêmement résistants à l’usage du temps, les sociétés constitutionnelles réussissent l’exploit d’être démocratiquement ouvertes aux citoyens mais confisquent le pouvoir de décision et la richesse au profit d’une minuscule partie d’entre eux. Pour les modèles les plus évolués, la liberté existe vraiment, les individus ont pratiquement le droit de tout faire, de tout dire, du moment qu’ils respectent à peu près les lois que les lobbies des oligarques écrivent pour éviter que les représentants du peuple ne fassent trop d’erreurs rédactionnelles. La liberté de tout faire s’arrêtant évidemment à la possibilité d’une atteinte au pouvoir de leurs oligarques personnels, en dehors de cette enclave réservée, il est donc permis de jouir, avantage de l’homme occidental qui semble en avoir conçu pour l’éternité un sentiment de supériorité bien vaniteux sur ses autres colocataires terrestres.

 

Chez les oligarques classiques, moins modernes donc, la main de fer autocratique est l’usage commun, le culte de la personnalité et de la force, le nationalisme et les boucs émissaires composent une boite à outils efficace, rarement prise en défaut. Simplement plus visibles, le pouvoir et l’argent se concentrent sur les quelques élus (moins discrets que la méthode occidentale, où les pantins démocratiques des oligarques distraient les peuples avec la danse du ventre électorale et la comédie médiatique de la gestion quotidienne de leur prétendu pouvoir représentatif, -fin de la parenthèse-). Mais bon, les exemples ne manquent pas dans tous ces roitelets morts ou vivants ou encore régnants, incroyablement capables d’exercer un pouvoir fort et centralisé, mais de se muer aussi si besoin, en transformistes roués, pour effectuer le grand écart  entre la hiérarchie verticale du pouvoir et la mobilisation horizontale utile à la participation volontaire populaire.

 

Enfin, un modèle d’oligarchie que l’on croyait obsolète revient en force, le religieux, il a des cotés pratiques, il ne parle jamais de monnaie et ces gens-là ne perdent pas leur temps en formalités spectaculaires, plus de doigt qui montre la lune, ils sont le doigt et la lune. Une légère adaptation à la communication moderne leur permettra cependant de recruter les moyens utilitaires à l’installation de leurs nouvelles dynasties.

 

Les oligarques de toutes obédiences sont par nature, avides et goinfres. De nouvelles richesses, de nouveaux territoires, de nouveaux affidés seront toujours nécessaires à alimenter  leur projet personnel et infini. Ils se frottent alors aux autres oligarques, les points de frictions se créent donc aux croisements des territoires d’influences oligarchiques, cela bien sur, toujours au nom du bonheur respectif des peuples concernés. Les masquent tombent, la violence est à l’œuvre, mortifère.  Chaque parti oligarchique communique alors à outrance, voire finance des apprentis oligarques pour affaiblir l’oligarque d’en face, quitte à ce qu’un jour le petit devenu puissant taille des croupières à son ancien géniteur, sans aucune reconnaissance, le malotru. L’oligarque pris en défaut se dépêchera alors de lui tailler son costume de Satan, afin que son peuple soumis ne perde pas le chemin du bien, celui du mal étant en fait la fin possible de l’oligarchie en cours. 

 

Les frontières, les États, symboles des chasses gardées d’une ou plusieurs oligarchies croisées, prés carrés associés parfois, symbolisent aussi leurs mises en concurrence obligée, quelques nations champs de bataille deviennent alors les enjeux. Les lignes doivent bouger pour satisfaire l’appétit de l’oligarque, ainsi des pays deviendront les paillassons de ce combat des chefs. Des nations faibles, bien sur, la guerre des oligarques devant toujours se dérouler hors de leur territoire propre, trop dangereuses les guerres intérieures, qui deviennent souvent civiles puis  se piquent parfois d’autodétermination, et là, bazar assuré pour des siècles et des siècles, la guerre ordonnée et dans une moindre  mesure maîtrisée est préférable pour l’oligarque en crise d’hyperpuissance.

 

Voilà, l’histoire est en marche, les guerres de dominations se succèdent, localisées ou mondialisées, elles sont aujourd’hui appelées de basse intensité -pas chez nous, diffuses et à rallonges, ça veut dire-  mais certains individus croient encore à l’équilibre des terreurs et des rapports de force, jugent quand même utile de prendre partie pour l’oligarchie qui leur parle le plus, de quelque chose, une référence au passé, à leur propre histoire, ou  dictée par leur parti pris politique qui les obligerait à choisir leur camp. Ils rêvent simplement d’exercer le pouvoir un jour, alors ils simulent leur war-game perso. Leur choix leur semblera juste et éthique, comme si les oligarchies s’encombraient de justice ou de probité, ils oublient qu’elles sont juste l’inégalité absolue, et toutes, pas d’exception. Ces petits soldats autoproclamés relaient les propagandes en cours, sans distance, sans recul, et deviennent à leur insu les représentants d’une oligarchie, ses serviteurs, pâles copies inversées des médias de la domination. Inconscients se croyant infaillibles, travaillant à la protection de pouvoirs qui n’ont que faire de leurs petites personnes, mais s’avérant bien utiles à la conservation du monde tel qu’il est.

 

Les thèses les plus folles sont donc adoptées, des signes, des indices sont transformés en preuve, personne ne sait rien ou si peu savent si peu, mais ça complote entre potes, pauvres petites choses effrayées par le jeu des puissants. La guerre arrivera que les analystes des forums se -et me trucident- ou pas. Laisser Jaurès ou l’Archiduc vivants n’aurait sans doute pas empêché 14-18.



25/05/2016
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