Les billets de Joseph

Les billets de Joseph

Inexorable, oui

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Ce ne sont même plus des apprentis sorciers, ils ne savent simplement plus quoi inventer devant l’effondrement de leur électorat, de l’électorat tout entier. La défiance devant la déliquescence de ces élites que sont devenus nos élus nationaux, n’est plus seulement due aux mains dans le pot de confiture que l’on peut reprocher à quelques délinquants avérés toujours en liberté et pas jugés, certains même indemnisés pour leurs mandats électifs, ce n’est donc plus seulement le fait de jouer avec le FN comme repoussoir à vote utile dont ils ont abondamment usé, c’est aujourd’hui, l’interdiction de manifester qui se profile. Même plus besoin de se servir de l’Etat d’urgence pour assigner à résidence quelques défenseurs de l’environnement ou anarchistes au nom du combat contre daech pour les en empêcher, non, le président penserait à en interdire tout le monde. Simplissime gouvernance qui ne s’encombre plus du droit, ni (je tousse) du "par le peuple et pour le peuple".

 

La gauche et la droite parlementaires se voient déjà défaites, et sans doute obligées de gouverner ensemble contre tous ces bébés qu’ils ont patiemment nourri, qu’ils s’appellent FN, syndicalistes non couchés, autonomes, gauchistes extrêmes et pourtant si désunis, voire même anarchistes ( violents, forcément...) qui les dépassent aujourd’hui et ont faim,  soit de leurs bonnes places, soit  de les renverser purement et simplement. Cette future union parlementaire somme toute logique serait une excellente synthèse de la lente traversée vers la rive droite de tout ce beau monde, et concrétiserait enfin leur vrai pacte républicain et libéral.

 

D’un coté les héritiers, le florentin Mitterrand a accouché de technos formatés par l’ENA ou de bourrins formés à l’entrisme cynique des crèches Lambert et compagnie pour la seule conquête du pouvoir, sans autre objet que sa conservation, et qui, comme tous les autres, semblent devenus inopérants dans leurs multiples manipulations médiatiques, pâles copies des référendums contre la chienlit gaulliens ou du programme commun, qui étaient quand même de l’enfumage, mais de qualité, à l’époque, l’électeur y croyait, contre ou pour, mais il y croyait.

 

De l’autre coté, tous les autres qui ont supporté les discours ineptes de Dakar et de Grenoble sans broncher et continué de soutenir le tribun égotique et inculte qui les prononçait. Ils tentent aujourd’hui de le remplacer une fois battu, mais il s’apprête à revenir par la fenêtre, la porte étant encombrée de candidats primaires, plus pathétiques et ridiculement démagogiques que jamais, alors que l’on ne croyait plus ça possible.

 

Mais tout cela n’a plus d’importance, tant l’économie libérale et financière se charge du principal, le jeu démocratique est devenu théâtre (voyez la Grèce, voyez Macron, voyez Gattaz, voyez le conflit social en cours avec des images comme il leur faut, arbre énorme cachant la forêt de tant d’autres, oubliés sciemment), comme une pantomime dérisoire laissant ses déficits aux peuples, de notre misère à celle des réfugiés, sur un fond de guerre mondiale larvée, multiforme, nous laissant simple spectateurs impuissants ou désabusés, le code électoral étant ce qu’il est. Il eut fallu faire de la politique ou du syndicalisme comme eux le voulaient, c’est raté, à tout le moins, il eut donc fallu aussi être démocrate. Celui qui nous préside, ne l’est assurément pas. Il est, à lui seul, un festival de savoirs faire pour s’en garder.

 

Sa gouvernance n’a cédé qu’aux puissants et aux artifices : le plus grand nombre de milliards jamais versés aux entreprises sans contrepartie ni résultat (ils osèrent même s’appeler pigeons), son réformisme s’arrêtant prudemment aux professions libérales (on les aura toutes faites, une à une, ah ! On allait voir ce qu’on allait voir, puis rien ou si peu), utilisant volontiers le sociétal qui ne coûte rien mais occupe le terrain médiatique, utilement si possible  (la répétitive célébration des héros du passé –qui ne lui ont rien demandé-, le mariage pour tous, les mineurs djihadistes, les larmes de compassion du crocodile au moindre fait divers, voire ses propres peopleries …), le patriotisme sportif en cours n'a pas non plus l'air de faire l'effet sondagier attendu,  ou plus classique : la bonne vieille guerre contre le mal déguisée en « Je suis Charlie », ou le maintien de l’ordre (avec l’usage du permis de tuer ) faisant suite à ses laxismes conscients en ciblant une « communauté » si possible non votante et marginale, comme les zadistes, les « calaisiens de la jungle » voire  les gens du voyage, dont on s’imagine bien qu’il ne les laisserait pas dans de telles extrémités s’ils se trouvaient en bas de chez lui, sans parler des nouvelles brigades de contrôle des chômeurs qui ne chercheraient pas du travail, qui pourtant c’est bien connu, court les rues.

 

Le mensonge donc, en un story telling ahurissant, comme d’entendre le président d’un des pays les plus mal placés pour causer, vanter la générosité de l’Allemagne tout en ne faisant rien, voire pire pour les réfugiés de Vintimille, ou  mimant la défense d’un pays ruiné, la Grèce, tout en faisant partie de ses dépeceurs, cela devant un parterre de médias suivistes, relais privilégié de la parole élyséenne et de son ordre du jour omnipotent.

 

Le gouffre laissé en 2012, que l’on croyait déjà gigantesque s’est furieusement agrandi, béant, entre les palais et le réel, leurs mots n’ont plus de sens, leurs seuls actes sont policiers ou symboliques. Car il se place en rempart, toujours, tout comme son prédécesseur, rappelez-vous,  mon dialogue social ou sa fin, mon élection ou les fachos, ma réforme ou le chaos, moi le sympa -avec humour, oui, ca cache bien le mépris - ou les méchants reptiles à sang-froid, et aujourd'hui, moi et rien d'autre. Mais le rempart va céder, car plus grand monde ne veut plus ni de lui, ni des autres (FN normalisé inclus), les gueux se débrouillent ou se débrouilleront sans lui, sans eux, ils commencent à en avoir l’habitude, à force. Puisque de toutes les façons, c’est ce qu’il(s) veu(len)t au fond, ne plus être dérangés par les sans, les sans-lui qui ne comprennent rien, au code du travail par exemple car c’est trop compliqué, mais qui savent bien qu’il va sauter, comme leurs retraites et autres protections sociales, qui ne sont, n’étaient, que des salaires reportés, et n’appartenaient qu’à ceux qui produisaient des richesses, propriétés d’autres qui ne les partageront au grand jamais, on le sait bien.

François Hollande parachève ainsi le bordel ambiant qui va présider à sa propre éviction, et laisser place à des lendemains douloureux et violents, qu’il n’a pas voulu envisager car il s’en croyait à l’abri -et il a raison-, tout à l’exercice du droit divin et luxueux du présidentialisme français.

 

La rage circule pourtant dans les veines de ce pays, l’actualité le prouve, redonnant vie à un syndicat que l’on croyait épuisé, à des formes de luttes si souvent ringardisées, remplacées un temps par le spectacle foisonnant du numérique, qui permet l’oubli du dernier instant désagréable par son remplacement immédiat en leurres personnalisés et addictifs, nourris par leurs bases de données que nous alimentons.

 

Mais les médias des 7 milliardaires avec l’aide de l’information du service public ont beau « délinquantiser » chacune de ces journées de mouvement social, de comparer, sans aucune précaution de langage, grèves et blocages aux crimes du terrorisme, d’instrumentaliser la mort de deux policiers à bon compte, rien n'y fait. Le mouvement durcit et dure. Rien n’apaise les ligotés du système qui remuent encore, et de fait,  gênèrent des effets collatéraux violents, mis en Une pour faire pleurer ou terroriser dans les chaumières contrairement à ceux des guerres otanesques  normalisées,  comme les bavures de nos vaillants pioupious.

 

De ci, de là, ça craque, ça tire, ça pète, cette révolte enfermée dans ces petites vies de plus en plus contraintes, sa pression affleure, en épiphénomènes incontrôlables ou rots de pure colère. Des pierres fracassent les vitres d’un hôpital (ce fait devient plus important que la manifestation en marge de laquelle cela s’est produit, quant à l'objet de celle-ci, devenu génériquement loi-travail, pratique pour faire passer les contres pour de simples hédonistes feignasses). La récupération gouvernementale  est immédiate, amplifiée, démesurée, déformée par ceux-là mêmes qui continuent de dépecer l’hôpital public de ses moyens,  privatisent la sécurité sociale au profit des assurances privées et individuelles (le mutualisme ayant muté sans nous le dire).

 

Lorsque les urnes, les médias et les flics ne pourront plus colmater les brèches, ce soulèvement larvé explosera, désordonné, dévoreur d’hommes, de femmes et d’enfants, sans distinction de classe ou de religion, notre président aura en un faux contre-emploi, grandement contribué à son apogée et deviendra spectateur, protégé avec ses amis prévoyants du 1%, de nos coups de fourche qui se retourneront contre nous-mêmes, faute de mieux.

 

A moins que, pour une fois, cette crise si longue ne soit la dernière, la fin ultime d’un cycle à bout de souffle qui n’en peut plus de durer.

 

 

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http://television.telerama.fr/television/meurtres-de-magnanville-daesh-la-cgt-et-les-casseurs-dans-le-meme-panier-televise,144024.php

 

https://lundi.am/Sur-l-instrumentalisation-des-vitres-de-l-hopital-Necker-Un-parent

 

http://quadruppani.blogspot.fr/2016/06/une-commune-en-marche.html

 

 



16/06/2016
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