Les billets de Joseph

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Une bonne et peureuse

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Une bonne et souffreteuse aux ours blancs, au guépard, au poisson globe ou aux glaciers, qu'ils profitent bien de leurs derniers instants. Heureusement non doués de raison, il ne leur viendra pas l'idée de demander des comptes à leurs tueurs, trop occupés que nous sommes à bricoler nos centrales nucléaires obsolètes, et  les très chères nouvelles qui les remplaceront, cela avec toute la certitude que notre arrogance permet, pour prévoir 100 000 ans de gestion de déchets, sans y voir malice, ce n'est pas la géologie, ni la montée des eaux qui va nous en empêcher, non mais, oh !

 

Une bonne et consciencieuse aux électeurs, même pas persuadés ou motivés, se contentant de voter pour le moins pire, le moins ceci, le plus cela, ou simplement d'y aller parce qu'il faut le faire comme si un devoir ne pouvait devenir insensé, et pour tout dire inutile. Summum de la manipulation, certains en viennent à voter contre quelqu'un et pour un autre qu'ils ne peuvent à peine moins supporter, personnalisation ultime de la politique, dépolitisation ultime de la démocratie, consommons donc des personnalités comme une téléréalité entrelardée de ses publicités.

 

Une bonne et cadavéreuse au Parti socialiste. Le ridicule n'y est pas arrivé, le désert des urnes parviendra-t-il à mettre fin à cet ectoplasme informe, rampe de lancement de l'ambition mitterrandienne désaffectée, seulement peuplée de la troisième génération de ses zombies consanguins.

 

Une bonne et nageuse aux réfugiés. A force d’entraînement, de sacrifices de femmes et d'enfants, de lourdes pertes, notre égoïsme frileux et lâche verra battre le blanc de nos champions de natation par le noir de leurs espoirs fous. Ne vous découragez pas les gars, au-delà de votre bravoure et de votre héroïsme, vous ôtez les masques que certains n'osaient plus enlever depuis la deuxième mondiale, révélant ainsi que le nationalisme, et son ami le racisme, composent bel et bien une machine mortifère, toujours.

 

Une bonne et roteuse, aux repus du 1% et à nos sept milliardaires qui préemptent nos loisirs et nos désirs d'info. Mais les ficelles de leurs pantins sont tellement visibles qu'il est difficile de croire que ceux qui y croient encore, ne feraient pas pareil à leur place, en une simple acceptation soumise à la loi du marché. La bêtise n'est pas une excuse, la misère si. Mais de l'autre côté de la mer, un nouveau Président « tout » pour le business sans âme et avide à la folie, leur démontre que le meilleur est à venir, dans un monde devenu sans valeur sauf les financières. Le pouvoir de l'argent versus les droits de l'homme, on sait qui gagne à la fin. Les réactionnaires et les autoritaires ont depuis longtemps choisi leur camp, pour l’instant, ils sont encore du bon côté du manche de la machine à sous.

 

Une bonne et vertueuse aux écolos, aux anarchos et autres hirsutes sincères, ceux du quotidien -pas ceux des écrans- qui, souvent mal peignés, mal habillés, voire ivres et drogués, ont l'inconvénient de dire non, pacifiquement ou pas, et même parfois, le culot de se faire assassiner pour les valeurs non monétaires qu'ils défendent, car même pas capables de résister à une grenade offensive, c'est pour vous dire .

 

Une bonne et dévoreuse à Vladimir, le réveillé de l'empire, à coups de force et de bombes, pour mieux se présenter en homme de paix quand tout est devenu ruines -Grozny déjà oubliée- mais surtout en homme puissant, tout cela avec le PIB d'un pays équivalent au médium européen, le PIB ne vaut donc rien. Semblerait même que certains regrettent le mur de Berlin, dont la chute libératrice, a aussi déverrouillé quelques appétits, certains vendant un peu vite la peau de l'ours avant de l'avoir vue être chevauchée par le  cynique et brutal, et sans sourire, il n'est pas là pour rigoler.

 

Une bonne et coureuse aux frères bronzés, n'ayant pas la blancheur requise, ni le faciès qui convient, ils auront toujours l'immense privilège de prendre les premiers, les coups parfois mortels de toute politique répressive de maintien de l'ordre. Devenues synonymes du terrorisme, ses silhouettes avaient déjà un peu de mal à s'insérer dans notre société si ouverte (puisqu'on nous le dit et redit qu'un autoentrepreneur avec une idée et une start-up peut devenir millionnaire, allons, si, si c'est d'un commun...), il va falloir y survivre maintenant, même être français n'y suffira pas. La fraternité est déjà réservée, la table de l'égalité est complète, la liberté ne peut donc vous être accordée.

 

Une bonne et douloureuse aux peuples somaliens, syriens, grecs, irakiens, palestiniens, et tous les autres dont tout le monde se fout éperdument lorsque les impérialismes les piétinent et les concassent. Idéologiques, économiques ou religieux, quelle importance, ce n’est pas chez nous et cela nous sert même d'argument pour nos minables campagnes électorales, nos indignations de quelques minutes, notre complexe de supériorité nationale millésimé 1789 et cette indécrottable nostalgie de l'ancien temps de notre puissance colonialiste.

 

Une bonne et pieuse aux mélenchonistes, effrayants de certitudes, réglementant l'insoumission, soumettant un peuple fictif à un nouveau TINA pour remplacer celui en cours, ce qui n'a rien à voir avec les incontestables qualités de leur tribun, aussi imparables que ses gros défauts. Mais bon c'est comme ça, y a pas plus écologiste qu'un mélenchoniste, y a pas plus gauchiste qu'un mélenchoniste, y a pas plus démocratiste, pas plus économiste et j'en passe en brevetés de la vérité. Une nouvelle messe se dit, les 365 jours à venir ne suffiront pas à dérouler cet énième paradis terrestre. Le grand soir, on m'a déjà fait le coup, et tant de fois, le passer par les urnes, c'est la seule nouveauté. Gueule de bois garantie, mais je ne bois plus de ce vin-là, me méfier des grands crus , qui l'eut crû.

 

Une bonne et miséreuse à tous les chômeurs, les malades, les vieux, les jeunes, les fous, les faibles et les perdants, que nos gouvernants ne voudraient plus voir, ou alors juste devenir chef d'entreprise, hein. Ils disparaissent peu à peu des urnes, des réseaux de solidarité institutionnels et des statistiques, pour plonger sous les radars de nos politiciens magiciens, qui ne parlent qu'aux insérés avec pouvoir d'achat, tout en exhibant telle ou  telle catégorie citée plus haut, en exemple honni pour séduire une des parts de marché de la démagogie.

 

Nos politiques, cette année encore, nous en souhaiteront donc une bien bonne et heureuse, presque comme si de rien n'était, avec du sang et des larmes et qu'il faudra aller chercher avec les dents, évidemment, enfin pour ceux qui en ont encore ou qui en ont les moyens, les sans n'étant plus admis à jouer.

 

 



31/12/2016
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